Abridged version
1 Introduction
Unconfined aquifers with a naturally closed piezometric depression are frequent in the Sahel [2]. Their particular shape is usually explained by low evapotranspiration, slightly higher than recharge in the centre of the depression, and weak lateral groundwater flow due to low permeability [1]. Locally, eustatic fluctuations [7] or recent tectonics are possible causes.
In southwest Niger near Niamey, the piezometric depression of the Dantiandou kori (kori: dry valley in Niger) was identified in the 1960s [4]. Because pumping is limited and tectonic stable [10], evapotranspiration is the only possible explanation for this depression [13]. New data [8,14] represent about 15 000 level measurements from 200 wells and boreholes and more than 100 chemical and isotopic analyses acquired over a period of ten years [11–13]. This paper presents the main characteristics of this closed depression and changes that have taken place in recent decades.
2 Hydrogeological setting
The water table lies in the Continental Terminal, a silty to clayey Tertiary formation that outcrops over 150 000 km2 in southwest Niger (Fig. 1). To the west, the Niger River erodes the Precambrian basement and is a natural outlet for groundwater. The climate is semi-arid, with an annual rainfall of 567 mm (90% between June and September) and a potential evapotranspiration of

Localisation de la zone d'étude dans le Sud-Ouest du Niger dans les limites du Continental terminal (encart) et piézométrie (début 1998) de la nappe libre à l'est de Niamey. La dépression piézométrique est matérialisée par l'isopièze 190 m à l'aplomb du kori de Dantiandou. Localisation des sites avec (•) ou sans (∘) fluctuation piézométrique saisonnière, et points d'échantillonnage isotopique (+). La zone grisée délimite la Fig. 2.
Map of Niger showing the location of the Continental Terminal (CT) outcrops (small inset) and potentiometric map of the water table east of Niamey (in metres, above m.s.l., beginning of 1998). The 190 m ellipsoidal contour in the centre delimits the piezometric depression of the Dantiandou kori. Location of the potentiometric surveys, with (•) or without (∘) seasonal fluctuation, and isotopic samplings (+). The shaded grey square shows the location of Fig. 2.
The potentiometric levels in the closed depression (covering nearly 4000 km2) vary between 186 m in the centre and 193 and 202 m at its limits (Fig. 1). The depth to the water table varies between 5 m below the dry valleys, and 75 m below the lateritic plateaux; the mean saturated thickness of the aquifer is 30 m and transmissivity is between 10−5 and
3 Hydrodynamics
In the depression area, groundwater recharge is indirect [6,13]. During the rainy season, runoff concentrates in endoreic pools, natural outlets of surface basins of the order of one square kilometre; emptying of these temporary pools creates seasonal mounds in the water table. This localised recharge process is illustrated in Fig. 1 by the interweaving of the potentiometric surveys with and without seasonal fluctuation in the water table.
During recent decades, there has been a steady rise in the water table over the whole area; land clearance increases crusting of the soil surface, which in turn increases surface runoff to the pools and subsequently groundwater recharge [14]. The mean rise, which was 3 m between 1960 and 2000, was of

Bloc-diagramme de la partie centrale de la dépression (cf. Fig. 1) et carte superposée des intensités de la hausse piézométrique interannuelle (1991–1998, en
Block diagram of the centre of the potentiometric depression (cf. Fig. 1) and superimposed map of the interannual rise in the water table (1991–1998, in
4 Geochemistry
In the closed depression, about 30 representative [9] wells and boreholes were sampled for isotopes between 1993 and 1998: 18O, 2H, 3H for water, 14C and 13C for dissolved inorganic carbon [8]. The recharge processes were inferred from the stable isotope contents of water (18O, 2H); 14C and 3H radiochronometers were used to estimate the long-term recharge rates.
The stable isotope contents of groundwater varied between −5.8 and −2.9‰ vs VSMOW for

Teneurs en 18O et 2H pour les eaux de la nappe libre. DMM, DML : droite météorique mondiale, droite météorique locale. Les symboles représentent différentes gammes de profondeur de la nappe.
18O and 2H contents in groundwater samples. DMM, DML: global meteoric water line, local meteoric water line. Symbols represent different ranges of water table depths.
The 14C activities varied between 60.4±0.5 and 97.1 ±0.9 pmC (average 83.4 pmC). The 3H contents were low (maximum 4±1 TU) and 60% were below the detection threshold (2.1 TU). The independence of

Taux de renouvellement annuel médian, modélisé à partir d'une chronique atmosphérique en 14C reconstituée au Niger et pour une augmentation des réserves de l'aquifère de 10% depuis 50 ans, déduit de la valeur médiane de l'activité en 14C (84,3 pCm) dans la nappe libre.
Median annual renewal rate, modelled from a reconstructed atmospheric chronicle of 14C in Niger and for an increase in the aquifer reserves of 10% over 50 years, inferred from the median activity of 14C (84.3 pmC) in groundwater.
5 Discussion
The closed depression exists because evaporation is locally higher than deep infiltration. Because of the depth of the unsaturated zone, evaporation is only a few
Before 1960, the piezometric depression was located strictly below the Dantiandou valley and its hydrodynamics was in steady state [4,8]. Descriptions and photographs show the Dantiandou valley before 1950 as a narrow gallery forest [3,8]. Its conceptual functioning is shown in Fig. 5: deep recharge occurred at a few points and lateral flows were weak; the slight evaporation that occurred over the whole area is estimated at between 1 and

Schéma conceptuel du fonctionnement à l'équilibre de la dépression piézométrique du kori de Dantiandou. Un flux d'évaporation généralisé (E.) et une évapotranspiration dominante au centre (ET.) sont compensés par des flux de recharge localisés (R.) et de faibles flux latéraux (FX.).
Conceptual schema of the Dantiandou kori depression at equilibrium. Continuous evaporation (E.) and dominant evapotranspiration in the center (ET.) balance a discontinuous, localised recharge (R.) and weak lateral fluxes (FX.).
Numerical modelling of the steady state of the depression in 1960 [8] matches well with hydrodynamic and geochemical results. The model uses a range of aquifer transmissivity of 10−5 to
6 Conclusion
The Dantiandou closed depression is the first Sahelian water table of this type to have been affected by such a significant rise: groundwater recharge was estimated at between 1 and
1 Introduction
Les nappes en creux, dépressions piézométriques naturelles, sont des structures fréquentes dans les grandes nappes libres sahéliennes [2], bien que rarement évoquées dans la littérature scientifique. Leur existence est le plus souvent expliquée par une évapotranspiration dominante au centre de la dépression, compensée par de faibles flux latéraux [1]. Localement, les variations eustatiques [7] ou l'impact de la tectonique récente sont des causes possibles.
Dans le Sud-Ouest du Niger, près de Niamey, la dépression piézométrique du kori de Dantiandou (kori : vallée sèche au Niger) a été identifiée au début des années 1960 [4]. La faiblesse des prélèvements anthropiques, estimés à
2 Cadre hydrogéologique
L'aquifère de la nappe étudiée appartient au Continental terminal, une formation silto-argileuse d'âge Tertiaire [10], qui affleure sur près de 150 000 km2 dans le Sud-Ouest du Niger (Fig. 1). En surface, le paysage présente une succession de plateaux latéritiques et de vallées ensablées, avec un dénivelé inférieur à 100 m ; le kori de Dantiandou est l'une de ces vallées sèches, héritées des périodes humides du Quaternaire. À l'ouest, le fleuve Niger érode le socle et constitue un exutoire naturel de la nappe. Le climat est semi-aride, avec une pluviométrie annuelle de 567 mm à Niamey (90 % entre juin et septembre) et une évapotranspiration potentielle de
La piézométrie de la nappe est présentée sur la Fig. 1. À l'échelle de la zone d'étude, les gradients hydrauliques sont faibles, inférieurs à 1‰. La dépression piézométrique, alignée sur le kori de Dantiandou, présente une forme allongée sur près de 4000 km2, pour un creux d'une dizaine de mètres (piézométrie de 186 m au centre, de 193 à 202 m sur les bordures). La profondeur de la nappe, comprise entre 55 et 75 m sous les plateaux latéritiques, varie de 25 à moins de 5 m sous les vallées sèches. L'épaisseur saturée de l'aquifère est en moyenne de 30 m. Le mur de la nappe est constitué d'une couche argileuse décamétrique continue, qui empêche toute drainance avec les aquifères captifs sous-jacents. L'estimation des propriétés hydrodynamiques de l'aquifère par une vingtaine d'essais de débits montre des transmissivités faibles, de l'ordre de 10−5 à
3 Résultats hydrodynamiques
L'analyse de la variation de la piézométrie à l'échelle saisonnière et interannuelle a permis de comprendre et de quantifier la recharge actuelle [6,13]. Pendant la saison des pluies, le ruissellement consécutif aux intenses précipitations se concentre dans des bas-fonds endoréiques et forme des mares temporaires, toujours en position perchée par rapport à la nappe. La vidange rapide de ces mares par infiltration crée des dômes piézométriques saisonniers à l'aplomb des mares, traduisant le caractère indirect de la recharge. La distribution des points de mesure avec ou sans fluctuation saisonnière de la piézométrie est indiquée sur la Fig. 1. Malgré l'existence de zones où les sites de recharge semblent particulièrement nombreux (par exemple, le kori de Dantiandou, le dôme piézométrique à l'est de Niamey), le caractère dispersé de la recharge est clairement mis en évidence par l'étroite imbrication des points avec ou sans fluctuation saisonnière. De manière surprenante, la piézométrie de la dépression ne semble donc pas directement liée à la localisation de la recharge.
Sur la zone d'étude, une hausse généralisée du niveau la nappe consécutive au déboisement a été mise en évidence [14] ; l'explication avancée en est que le déboisement a provoqué un encroûtement des sols, une augmentation du ruissellement et donc un afflux d'eau supplémentaire aux mares endoréiques, sites privilégiés de la recharge de la nappe. Cette hausse, proche de 3 m sur la période 1960–2000, s'est poursuivie même pendant les sécheresses majeures des années 1970 et 1980 ; elle s'est accélérée sur la dernière décennie, au cours de laquelle elle atteint en moyenne
4 Résultats géochimiques
En nappe libre de milieu semi-aride, la géochimie permet souvent d'accéder à des informations à long terme sur la recharge des aquifères. Dans ce but, un échantillonnage d'eaux de la nappe pour mesures isotopiques (18O, 2H, 3H pour la molécule d'eau ; 14C, 13C pour le carbone inorganique dissous) a été effectué de 1993 à 1998 sur une trentaine de puits ou forages représentatifs [9], répartis sur l'ensemble de la dépression (Fig. 1). Les résultats analytiques sont disponibles dans la référence [8].
Les processus de recharge à long terme sont déduits des teneurs en isotopes stables de la molécule d'eau (18O et 2H). Les teneurs varient entre −5,8 et −2,9‰ vs VSMOW pour
La recharge à long terme est estimée à partir des radiochronomètres 14C et 3H. Des résultats préliminaires en 3H ont été discutés par [12] ; les résultats interprétés ici sont plus nombreux et concernent uniquement le secteur de la dépression (Fig. 1). Les activités en 14C sont comprises entre 60,4±0,5 et 97,1 ±0,9 pCm pour une valeur moyenne de 83,4 pCm (quartiles de 78,5, 84,3 et 88,9 pCm). Les teneurs en 3H sont faibles (maximum de 4±1 UT) et sont inférieures, pour 60 % d'entre elles, au seuil de détection (2,1 UT). L'indépendance des teneurs en
Le modèle utilisé pour déterminer le taux de renouvellement de l'aquifère est issu de [12], mais adapté au contexte d'une augmentation des réserves de l'aquifère :
Les teneurs faibles mesurées en 3H et sa courte période ne nous permettent de calculer qu'un seuil maximal du taux de renouvellement annuel (Tr<0,30 %). Pour des raisons opposées, la précision est meilleure avec le 14C : en considérant les incertitudes inhérentes au modèle (taux de renouvellement variable en fonction de la pluviométrie, variabilité des chroniques atmosphériques, incertitude dans l'augmentation relative des réserves), le taux de renouvellement annuel est compris entre 0,04 et 0,06 % pour la médiane des activités (Fig. 4). En retenant une épaisseur saturée de 30 m et une porosité totale de 10 à 25 %, la recharge médiane est de 1,2 à
5 Discussion
Le fonctionnement de la dépression piézométrique du kori de Dantiandou a longtemps été un paradoxe. L'existence de la dépression ne peut s'expliquer que par une évapotranspiration supérieure à la recharge. Du fait de la profondeur de la nappe, le flux d'évaporation est limité à quelques
Dans les années 1960, la dépression piézométrique était alignée sur la vallée du kori de Dantiandou [4,8]. Alors qu'aujourd'hui, le kori apparaı̂t comme une succession de bas-fonds peu boisés, les photographies aériennes de 1950 et les descriptions antérieures montrent un kori très différent de l'actuel, assimilable à une étroite forêt-galerie [3,8]. L'hypothèse de fonctionnement à l'équilibre de la dépression, vers 1950, est schématisé sur la Fig. 5 : à de faibles flux latéraux et à des points de recharge localisés correspond un flux d'évaporation généralisé, qui est fonction de la profondeur de la nappe [5]. Ce flux d'évaporation, de l'ordre de 1 à
Ce schéma conceptuel d'une évapotranspiration dominante au centre de la nappe a été testé par une première modélisation numérique en régime permanent, représentant l'état piézométrique stable des années 1950–1960 [8]. Une piézométrie identique à celle de la dépression a été reconstituée, compatible avec la gamme des transmissivités de l'aquifère (10−5 à
Dans les décennies suivantes, le déboisement et la mise en culture de terres nouvelles ont accru le ruissellement et donc l'infiltration sous les mares temporaires. L'augmentation de la recharge de la nappe est probablement de l'ordre d'un facteur 10 en 50 ans [14]. Les teneurs en 18O et 2H confirment l'infiltration indirecte identifiée par approche hydrodynamique ; le processus de recharge est donc resté identique.
6 Conclusion
Dans la dépression naturelle du kori de Dantiandou, la recharge ancienne de la nappe estimée à partir des radioisotopes (3H, 14C) était de l'ordre de 1 à
Cette nappe en creux est la première au Sahel à présenter une hausse interannuelle. Ceci illustre de nouveau la nécessité de chroniques longues pour réellement comprendre et interpréter les mécanismes naturels. Cette étude permet surtout de rappeler l'intérêt de considérer l'environnement dans une perspective transitoire à l'échelle décennale, la situation actuelle n'étant pas compréhensible sans une restitution de son évolution depuis 1950. Parce qu'elle témoigne d'un bilan hydrologique révolu, la disparition de cette dépression piézométrique est probable dans les prochaines décennies.
Remerciements
Cette étude a bénéficié du soutien financier du PNRH (Programme national français de recherche en hydrologie).