Comptes Rendus

Brève histoire des Comptes rendus de l'Académie des sciences

Naissance d'une revue savante

« En 1835, se produit l’événement certainement le plus important de l’histoire de l’Académie des sciences au XIXe siècle. Grâce à la fortune léguée par le baron de Montyon, mort en 1820, le nouveau et très actif secrétaire perpétuel François Arago crée les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences. Il répond ainsi à la fois à l’intérêt croissant du public pour les activités de l’Académie, intérêt souvent relayé par la presse, et au désir d’ouverture de certains académiciens.

Depuis 1795, l’Académie des sciences avait tenté, sans grand succès, de poursuivre la politique de publication qui avait fait une part du pouvoir de l’ancienne Académie royale. Les volumes des Mémoires de l’Académie ou des Savants étrangers paraissaient avec un grand retard qui ne permettait de répondre ni à l’actualité de la recherche, ni à la multiplication des travaux, et rencontraient la concurrence de publications scientifiques spécialisées comme les Annales de chimie.

Le 3 août 1835 paraît le premier fascicule d’une nouvelle publication appelée à un grand succès, les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences. Leur périodicité hebdomadaire scrupuleusement respectée permet de rendre public rapidement le fait nouveau propre à enrichir le débat scientifique. Ouverts à tous, ils publient, in extenso ou sous forme d’extraits, non seulement les communications des membres de l’Académie, mais aussi des travaux de chercheurs extérieurs, qu’ils aient été intégralement lus en séance ou seulement annoncés, et les correspondances lues en séance. Les Comptes rendus contribuent ainsi à donner un regain d’intérêt aux séances de l’Académie. Leur tirage atteignant le millier d’exemplaires vers 1850 et plus de deux mille à la fin du XIXe siècle, ils sont largement diffusés dans toutes les bibliothèques. Bientôt, ils deviennent la principale publication de l’Académie, et celle qui participe au plus près au développement de la science, assurant ainsi la réputation internationale de l’Académie des sciences de l’Institut de France.

Les scientifiques y trouvent un instrument de première importance pour se faire connaître, diffuser leurs travaux et se tenir informés des travaux des autres. »

Présentation extraite de Christiane Demeulenaere-Douyère, « De l’Institut national à la réforme de 1796 : l’Académie des sciences aux XIXe et XXe siècles », dans Histoire et mémoire de l’Académie des sciences : guide de recherches, dir. Éric Brian et Christiane Demeulenaere-Douyère, Paris : éd. Lavoisier, 1996, p.36.

 


 

Une revue, sept séries

Au départ revue pluridisciplinaire, les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences ont vu leur périmètre évoluer à plusieurs reprises. La revue a ainsi donné naissance à quatre puis sept séries spécialisées, dont les titres exacts ont connu des modifications d’ampleur diverse.

On distingue plusieurs grandes étapes :

  • 1835-1965 : les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences forment une série unique, multidisciplinaire ;
  • 1966 : les Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences sont divisés en quatre séries :
    • Série A : Sciences mathématiques,
    • Série B : Sciences physiques,
    • Série C : Sciences chimiques,
    • Série D : Sciences naturelles,
  • 1981 : le titre général est raccourci en Comptes rendus de l’Académie des sciences, et le périmètre disciplinaire de chaque série redéfini :
    • Série I : Mathématique,
    • Série II : Mécanique, Physique, Chimie, Sciences de l’univers, Sciences de la Terre ; à partir de 1995, la série est à son tour subdivisée :
      • Série IIa : Sciences de la Terre et des planètes,
      • Série IIb : Mécanique, Physique, Chimie, Astronomie, qui donne naissance à :
        • 1998 : série IIc : Chimie,
        • 2000 : série IV : Physique,
    • Série III : Sciences de la vie ;
  • 2002 : le titre de toutes les séries est une nouvelle fois raccourci, et la nouvelle revue Comptes Rendus compte désormais sept séries :
    • Mathématique,
    • Mécanique,
    • Physique,
    • Géoscience,
    • Chimie,
    • Biologies,
    • Palevol.

En parallèle de ces séries disciplinaires, une série généraliste intitulée Vie académique (de 1966 à 1983) puis Vie des sciences (de 1984 à 1996) rend compte du quotidien de l’Académie.

 

Pour en savoir plus :

 


 

Les éditeurs des Comptes rendus

Depuis leur passage en libre accès diamant (gratuit pour les lecteurs comme pour les auteurs) début 2020, les sept séries des Comptes rendus sont publiées en partenariat avec deux infrastructures publiques : le service des Publications scientifiques du Muséum national d'histoire naturelle (série Palevol) et le Centre Mersenne (autres séries).

Auparavant, les Comptes rendus de l'Académie des sciences ont été publiés en collaboration avec plusieurs éditeurs-imprimeurs :

  • 1835-1864 : Bachelier puis Mallet-Bachelier ;
  • 1864-1991 : Gauthier-Villars, successeur de Mallet-Bachelier ;
  • 1991-1996 : Dunod (séries I et II) et John Libbey (série III) ;
  • 1997-2019 : Elsevier puis Elsevier-Masson.

L'Académie des sciences est restée seule propriétaire du titre depuis l'origine.

Les numéros publiés entre 2002 et 2019 en collaboration avec Elsevier sont depuis l'été 2023 consultables en libre accès diamant directement sur les sites de chaque série. L'Académie des sciences tient à remercier vivement toute l'équipe d'Elsevier France, et en particulier son président-directeur général, M. Daniel Rodriguez, qui a rendu cette republication possible.