Les problèmes abordés ci-dessous ne concernent pas les aspects économiques, mais le rôle des individus âgés dans la société et la place qui leur sera faite, selon qu’ils seront ou non dépendants.
Rappelons qu’à 75 ans, le début du quatrième âge, l’espérance de vie moyenne est de près de 11 ans pour les hommes et de 13,5 ans pour les femmes, valeur qui augmente d’un an tous les quatre ans ; rappelons également qu’à 88 ans, une femme sur trois et un homme sur quatre sont en situation de dépendance, taux qui pourrait baisser avec les progrès de la médecine, mais aussi avec l’information sur les méthodes de prévention actives et passives.
En ce qui concerne les individus non dépendants, on discutera d’abord de leur rôle familial : aide matérielle aux descendants, instance d’affection et d’indulgence, transmission de valeurs, de réflexions, d’expériences, personnification du sens de la continuité des lignées et de leur solidarité, toutes notions en voie d’effacement pour des raisons nombreuses et convergentes.
Un autre volet concerne le rôle social des gens âgés, transmission des savoirs et d’expériences, mais aussi continuité de travail pour tous ceux qui le souhaitent et également ouverture à de nouveaux savoirs non acquis durant la vie professionnelle. Cela nécessite d’assurer à ces personnes un statut et une image revalorisés, ce qui dépend de l’État, des médias et des éducateurs.
Pour ce qui est des personnes atteintes par une dépendance sévère, les cas où elles ne peuvent être maintenues à domicile nécessitent un très important effort dans le domaine des maisons de retraite, des soins palliatifs, en vue de leur témoigner et de montrer aux plus jeunes qu’on leur témoigne le respect, les soins et l’accompagnement dus à tout être humain jusqu’au bout de sa vie.
Les personnes dépendantes, mais dont l’état n’exige pas le départ dans un centre spécialisé, devraient dans le même esprit faire l’objet d’attentions particulières, soins donnés au domicile par des bénévoles et/ou salariés, communication assurée avec les petits-enfants et arrières-petits-enfants, appel à leur mémoire et aux divers savoirs accumulés, grâce à des interviews dans le cadre des municipalités et/ou par des étudiants en thèse.
Si l’ensemble de ces objectifs, difficiles à atteindre, n’est pas poursuivi fermement, l’image de nos cultures dont les ingrédients comportent racines communes, projets communs, sentiment d’appartenance, respect de la personne, cette image risque d’être détruite, d’où des effets dévastateurs prévisibles.