Depuis leur introduction dans la littérature géologique par l'abbé Palassou en 1798, les ophites pyrénéennes ont suscité discussions et controverses, surtout en ce qui concerne leur âge. Le fait que ce vocable désigne aussi « des adeptes de sectes gnostiques hérétiques du deuxième siècle, adorateurs du serpent qui a tenté Ève » (Littré) attirerait-il l'attention de mauvais génies sur ces roches, au demeurant si spectaculaires et importantes pour l'interprétation géodynamique de l'ensemble méditerranéen ? Deux siècles plus tard, il semblait pourtant qu'un âge triasique était admis par tous. Lors d'une excursion de la Société géologique de France en 1973, P. Choukroune pouvait ainsi écrire que « la notion d'ophites crétacées intrusives devait être considérée comme périmée ». De nouvelles découvertes micropaléontologiques, appuyées par des mesures géochronologiques modernes, ont remis en cause ce bel équilibre, et l'article de Desreumaux et al. [1] dans ce journal a relancé un débat que l'on croyait clos. La littérature française récente a un peu perdu l'habitude de telles discussions, qui ont donné lieu à des échanges mémorables au siècle dernier et qui constituent encore un aspect important de la littérature anglo-saxonne. Le nouveau groupe éditorial des Comptes rendus Geoscience retrouve avec un certain plaisir cette tradition, signe de la vitalité de notre discipline. Il convient toutefois de veiller à ce que la discussion garde un ton « académique », et surtout qu'elle ne déborde pas du cadre strict de l'article incriminé. Dans le cas présent, il s'agit de discuter de l'intrusion des ophites du vallon de Bedous, et non des conséquences éventuelles d'un âge post-triasique sur l'évolution de l'ensemble méditerranéen. C'est ainsi qu'un effort important a été demandé aux différents participants pour qu'ils limitent des interventions qui, au départ, étaient beaucoup plus générales. En ayant donné à chacun la possibilité de s'exprimer et de répondre, nous pensons avoir utilement informé les lecteurs et considérons la discussion autour de cet article comme close. Bien entendu, les divergences demeurent, et l'on doit s'attendre à de nouvelles publications, qui, du reste, commencent déjà à se faire jour dans la littérature. La série Geoscience des Comptes rendus est toute disposée à se faire l'écho de ce débat, en respectant bien sûr ses critères traditionnels de qualité et de rigueur scientifique.