Version française abrégée
Depuis 900 000 ans, le climat de la Terre est caractérisé par une cyclicité prononcée de 100 000 ans conduisant à l'alternance de courtes périodes interglaciaires, au sein d'un climat glaciaire plus ou moins prononcé. L'amélioration de la résolution temporelle des reconstitutions paléoclimatiques a montré que le climat des périodes glaciaires, et particulièrement de la dernière, était très instable et oscillait avec une périodicité de l'ordre de quelques milliers d'années. Entre 60 000 et 10 000 ans, les sédiments de l'océan Atlantique nord entre 40 et 55°N, ont enregistré 6 de ces événements majeurs, appelés événements de Heinrich (H) [6,17]. Ces événements sont documentés par des niveaux de sédiments très riches en débris lithogènes dans toutes les fractions sédimentologiques, du silt au gravier, et sont pauvres, voire très pauvres, en matériel d'origine biogène, comme les foraminifères. Cette fraction lithogène a été transportée jusqu'au milieu de l'océan Atlantique nord par des icebergs [3–5]. Les mécanismes de ces énormes débâcles sont encore mal élucidés. Est-ce que les calottes glaciaires de la Laurentide et de la FennoScandie qui couvraient le Nord de l'Europe et de l'Amérique ont connu des périodes d'instabilité selon une périodicité qui leur était propre [20,21] ? Ou est-ce que ces instabilités sont liées à un forçage interne du système climatique, comme par exemple une périodicité propre à la circulation océanique globale [35] ? Aucun mécanisme n'est pour l'instant unanimement accepté.
Dans cet article, nous nous attachons à quantifier l'impact de ces décharges d'icebergs sur l'hydrologie de surface de l'océan Atlantique nord, au cours de deux de ces événements de Heinrich, H1 il y a 16 ka BP (1 ka = 1000 ans), et H4 il y a 37 ka BP. Ce dernier a déjà fait l'objet d'une étude approfondie qui sera partiellement reprise ici [8,36]. Ce travail repose sur l'étude de 36 carottes de sédiment marin (Tableau 1 et Fig. 1). H1 présente la particularité de s'être produit au début de la déglaciation qui a suivi le dernier maximum glaciaire d'il y a 21 ka, donc dans un contexte particulier, aussi bien en termes de taille de calottes (qui étaient encore proches de leur taille maximale) qu'en termes de forçage radiatif de l'insolation (qui était croissant). En revanche, H4 s'est produit en plein cœur du stade isotopique 3, période pendant laquelle les calottes de glace connaissaient un développement intermédiaire entre une période interglaciaire et un maximum glaciaire. Le forçage radiatif était également moyen et n'a pas connu de variations importantes au moment de cet événement.
Location of the studied cores, references and SST differences for H1 and H4 (SST during the event – SST before the event). The star indicates a core where the temperatures have been obtained by linear regression between N. pachyderma left coiling percentage and summer sea-surface temperature as only the abundance of this species has been quantified in this core
Localisation des carottes étudiées, références et différences de températures pour H1 et H4 (la différence est exprimée selon la formule SST pendant l'événement – SST avant l'événement). L'astérisque signale une carotte dont les températures ont été obtenues par régression linéaire entre le pourcentage de l'espèce Neogloboquadrina pachyderma à enroulement senestre et la température des eaux de surface en été, cette carotte n'ayant pas fait l'objet de comptages de la totalité de la microfaune
Core name | Latitude (°N) | Longitude (West is –) | Studied event | Reference | ΔT(H1) pdt-avt | ΔT(H4) pdt-avt |
HM94-34 | 73.77 | −2.53 | H1 | [30] | NA | NA |
MD95-2012 | 72.15 | 11.43 | H1 + H4 | [40] | NA | NA |
23259 | 72.03 | 9.27 | H1 | [30] | NA | NA |
PS2644 | 67.87 | −21.77 | H1 + H4 | [37] | NA | NA |
23071 | 67.08 | 2.92 | H1 | [30] | NA | NA |
ODP644 | 67.00 | 8.00 | H1 + H4 | [14] | NA | NA |
MD99-2278 | 66.55 | −10.12 | H1 | this study | NA | NA |
JM96-1225/1 | 64.90 | −29.28 | H1 | [16] | NA | NA |
NA81-10 | 62.97 | −2.37 | H1 | this study | NA | NA |
ENAM93-21 | 62.73 | −3.98 | H1 + H4 | [28] | NA | NA |
SU90-24 | 62.67 | −37.53 | H1 + H4 | [12] | +3 °C* | 0 °C* |
HU75-42 | 62.65 | −53.90 | H4 | [13] | NA | NA |
ENAM33 | 61.25 | −11.12 | H1 | [27] | NA | NA |
MD95-2014 | 60.58 | −22.07 | H1 + H4 | [22] | 0 °C | −4 °C |
DAPC2 | 58.97 | −9.62 | H1 | [19] | NA | NA |
DS97-2P | 58.93 | −30.42 | H1 | [26] | NA | NA |
SU90-16 | 58.22 | −45.17 | H1 + H4 | this study, [8] | NA | NA |
90-013-013 | 58.20 | −48.37 | H4 | [18] | NA | NA |
V23-23 | 56.00 | −44.00 | H4 | [24] | NA | NA |
NA87-22 | 55.50 | −14.70 | H1 + H4 | this study, [8] | +1 °C | −1.5 °C |
V23-81 | 54.00 | −17.00 | H4 | [3,4] | NA | NA |
GIK23415 | 53.17 | −19.14 | H1 | [40] | +3 °C | 0 °C |
SU90-39 | 52.57 | −21.93 | H1 + H4 | this study, [8] | NA | 0 °C |
SU90-12 | 51.87 | −39.78 | H4 | [8] | NA | −1 °C |
BOFS5K | 50.67 | −21.87 | H1 + H4 | [23] | +4 °C | −3 °C |
MD95-2024 | 50.20 | −45.68 | H1 + H4 | [18] | NA | NA |
SU90-44 | 50.10 | −17.90 | H1 + H4 | this study, [8] | +3 °C | −3.5 °C |
ODP 609 | 50.00 | −24.00 | H1 + H4 | [3,4] | NA | NA |
T88-9P | 48.38 | −25.08 | H4 | [34] | NA | NA |
MD95-2002 | 47.45 | −8.53 | H1 | this study | NA | NA |
MD95-2001 | 46.80 | −8.67 | H1 | this study | NA | NA |
SU90-11 | 44.07 | −40.02 | H1 + H4 | this study, [8] | NA | NA |
SU90-08 | 43.52 | −30.40 | H1 + H4 | this study, [8] | +1 °C | −1.5 °C |
SU90-09 | 43.08 | −31.05 | H1 | [15] | NA | NA |
CH69-K09 | 41.75 | −47.35 | H1 + H4 | this study | −3 °C | −2 °C |
SU90-05 | 41.63 | −32.25 | H4 | [8] | NA | −3 °C |
Une chronostratigraphie fiable permettant d'identifier le même événement dans chacune des carottes étudiées est indispensable. Faute de datations dans toutes les carottes, une stratégie multiple a été utilisée pour la construction des échelles chronostratigraphiques, utilisant une combinaison d'outils tels que les dates 14C, les variations de température des eaux de surface (SST) quand elles sont disponibles, les pics d'abondance de matériel lithogène (IRD) qui caractérisent les niveaux de Heinrich, et le signal isotopique de l'oxygène et du carbone des foraminifères. Les datations au 14C ne sont fiables que pour H1. Les dates obtenues pour H4 sont entachéees d'une barre d'erreur de plusieurs centaines, voire même milliers d'années. La conversion des âges radiocarbone plus récents que 20 ka en âges calendaires a été effectuée grâce au logiciel CALIB REV4.4.2 [32,33], après correction des âges réservoirs et tous les âges discutés sont en âge calendaire. Dans les carottes où la datation radiocarbone n'a pas été possible, les événements H1 et H4 ont été repérés grâce au pic d'IRD et datés par corrélation. Dans les hautes latitudes (mer de Norvège ou Nord de l'Atlantique), beaucoup de carottes courtes sont disponibles et H1 seul y a été identifié, en utilisant notamment l'enregistrement isotopique du carbone des foraminifères planctoniques. En effet, l'enregistrement de δ13C de l'espèce de foraminifères planctoniques Neogloboquadrina pachyderma à enroulement senestre montre une faible diminution de l'ordre de , au moment de H1. Cette décroissance peut avoir plusieurs causes, parmi lesquelles des échanges moins efficaces entre l'océan et l'atmosphère, liés à la couverture d'icebergs et à la glace de mer, ou une diminution de la productivité océanique [25].
Les caractéristiques hydrologiques des masses d'eau de surface de l'Atlantique nord ont été reconstruites en utilisant la composition isotopique de l'oxygène des tests de foraminifères planctoniques N. pachyderma senestre. Le δ18O des tests de foraminifères enregistre simultanément les variations de température des eaux de surface et les variations de δ18O de la masse d'eau dans laquelle les foraminifères ont grandi. La relation qui lie ces différents paramètres est appelée équation des paléotempératures et a été reformulée par Shackleton [31]
De faibles valeurs de δ18O de la calcite des foraminifères peuvent donc refléter à la fois des conditions de température élevées ou de composition isotopique de l'eau faibles (autrement dit, de faible salinité). A l'inverse, de fortes valeurs de δ18O de la calcite des foraminifères reflètent des températures basses ou des salinités élevées.
Idéalement, la reconstruction des conditions hydrologiques devrait donc être réalisée à partir de reconstitutions de température et de salinité des eaux de surface telles que ce qui a été précédemment obtenu pour le dernier maximum glaciaire [7,11], ou pour le H4 [8]. Dans le cas de H1, les reconstitutions quantitatives de température des eaux de surface ne sont disponibles que sur quelques carottes (voir Tableau 1). En ce qui concerne H4, les comptages de faunes de foraminifères ont montré que l'événement s'était accompagné d'une diminution de la température de l'ordre de 1 à 4 °C [4,8,9], ce qui se traduira par une augmentation de 0,25 à 1‰ du δ18O de la calcite.
Pour évaluer l'impact de ces deux événements sur l'hydrologie de l'Atlantique nord et de la mer de Norvège, deux reconstitutions ont été effectués. L'amplitude du changement de δ18O de la calcite a été évaluée par la différence entre les valeurs avant l'événement et les valeurs pendant. Pour prendre en compte les changements globaux de volume de glace intervenant pendant chacun de ces deux événements, l'amplitude calculée a été corrigée de −0,08‰ pour H1 (estimés selon [2]) et +0,06‰ pour H4 (estimés selon [39]). Cette reconstitution permet de comparer l'impact sur les masses d'eau de surface des deux événements, mais elle intègre à la fois les variations de température et celles de composition isotopique de l'eau, donc de salinité.
Résultats : origine et transport des icebergs
Les résultats obtenus pendant H4 montrent une structure latitudinale marquée pour l'extension des eaux de fonte, centrée sur 45–50°N, en provenance de la Laurentide (Fig. 2), avec une faible contribution des calottes européennes. En effet, bien que peu de carottes de mer de Norvège atteignent le H4, les données sont suffisantes pour déterminer que l'amplitude isotopique associée à cet événement ne dépasse pas 0,7‰ dans le détroit du Danemark (contre 1,6‰ pendant H1). L'apport d'eau de fonte est donc géographiquement très circonscrit au contour immédiat du Groenland. En Atlantique, la langue d'eau de fonte s'étire le long de 50°N, et les amplitudes ne dépassent pas 2‰ en plein centre du bassin. Cette amplitude, qui n'a pas été corrigée de l'effet de la diminution de température, doit donc être augmentée de 0,25 à 1‰ selon les sites, pour tenir compte de l'effet de fonte des glaces qui apportent de l'eau de très faible rapport isotopique et donc de très faible salinité.
Pendant H1, la reconstitution est significativement différente de celle obtenue pour H4. La mer de Norvège et l'océan Atlantique nord jusqu'à environ 40°N sont envahis par une masse d'eau de composition isotopique légère qui témoigne d'une débâcle majeure des calottes nord-américaine et nord-européeenne (Fig. 3). Les carottes étudiées en mer de Norvège sont également caractérisées par des valeurs dont l'amplitude est comprise entre 0,6‰ et 2‰. Dans ce contexte postérieur au dernier maximum glaciaire mais qui reste très froid, cette diminution de δ18O traduit une source d'eau de fonte provenant essentiellement des calottes européennes et islandaises. Ces eaux de fonte, transportées par le courant est-groenlandais, viennent rejoindre, dans l'océan Atlantique nord, les eaux de fonte en provenance de la Laurentide. L'amplitude isotopique est de l'ordre de 1,3 à 1,5‰ jusqu'à 40°N témoignant de la forte intensité de la débâcle d'icebergs.
Discussion
L'impact des deux événements de Heinrich sur les caractéristiques hydrologiques des eaux de surface est très différent. Deux hypothèses peuvent être avancées :
- • L'intensité du refroidissement des eaux de surface pendant H1 et pendant H4 a été différente. En effet, si le refroidissement associé à H4 a été plus prononcé que celui associé à H1, le signal isotopique sera d'amplitude plus petite pendant H4 que pendant H1. Une telle hypothèse pourrait s'expliquer par le fait que H1 se produit à la sortie du dernier maximum glaciaire (DMG) dont les températures étaient déjà froides, alors que H4 se produit durant le stade isotopique 3 dont les températures étaient plus élevées que celles du DMG. Le refroidissement des eaux de surface au cours de H1 a donc pu être moins marqué qu'au cours de H4.
- • Le volume d'icebergs impliqué pendant H1 était supérieur à celui de H4. Les estimations obtenues par la modélisation du H4 indiquent qu'un volume d'environ 1 million de km3 d'icebergs auraient été relâchés pendant quelques centaines d'années [29]. Une série d'expérience similaire pourrait être réalisée pour H1, afin de mieux contraindre les caractéristiques de cet événement.
Pour apporter des éléments de réponse à cette question, les reconstructions isotopiques obtenues pour H1 et H4 ont été comparées dans les carottes où les deux événements sont présents, en prenant en compte les reconstitutions de paléotempérature, lorsqu'elles étaient disponibles (Tableau 1). L'amplitude isotopique de H1 est supérieure à celle de H4 dans les zones proches des sources d'icebergs. C'est particulièrement vrai au débouché de la mer du Labrador, ainsi que dans le détroit du Danemark. Cela traduit une fonte générale des icebergs sur le pourtour atlantique. Néanmoins, le développement latitudinal de cette zone de fonte est assez limité et n'empêche pas la progression du Gulf Stream et de la dérive nord-atlantique vers les hautes latitudes, comme le montrent les températures des eaux de surface dans les carottes du bassin est-atlantique (Tableau 1). La différence de température entre les valeurs pendant l'événement et les valeurs avant l'événement sont positives, témoignant d'une arrivée d'eau chaude dans le bassin est-atlantique pendant l'événement H1 et expliquant l'essentiel du signal isotopique. Pendant H4, la zone de fonte est localisée selon une bande de latitude comprise entre 40 et 50°N, montrant une contribution significativement plus élevée de la calotte Laurentide que des calottes européennes. Les reconstitutions de température obtenues pendant H4 montrent que la progression du Gulf Stream vers le nord n'était plus possible, puisque les températures des eaux de surface se refroidissaient pendant l'événement.
Ainsi, pendant H1, la dérive nord-atlantique reste intense et contribue à maintenir des températures élevées dans le bassin nord-est atlantique. L'eau transférée vers le nord augmente progressivement de densité en mer de Norvège, notamment grâce à la formation de saumures en conditions hivernales [28]. Ces saumures constituent alors la principale source d'eau profonde de l'hémisphère nord et permettent de maintenir une circulation active de l'eau profonde injectant les eaux de fonte glaciaire (avec leur composition isotopique très pauvre en 18O) et de les mélanger rapidement dans l'océan mondial [10,36].
Les résultats présentés ici montrent que les événements H1 et H4 ont eu des caractéristiques différentes. Il reste à comprendre si ces différences sont dues à des causes externes, comme par exemple les paramètres orbitaux de forçage astronomique, ou bien à la taille et à la dynamique des calottes au moment où les événements se sont initiés. Des reconstitutions supplémentaires, en particulier en termes de température des eaux de surface, seront nécessaires.
1 Introduction
During the last 900 000 years, the Earth's climate has been characterized by a strong cyclicity of 100 000 years leading to the alternation of short interglacial periods, which developed within a more or less severe glacial climate. Paleoclimatic reconstructions with high temporal resolution have also shown that the glacial climate was not stable, and experienced large thermal oscillations, with an apparent periodicity of several millenia. Between 60 000 and 10 000 years before present (BP), sediments from the North Atlantic Ocean in the 40°N to 55°N latitudinal belt have recorded 6 major coolings, called Heinrich events [6,17]. These events are documented by sediment layers rich in Ice Rafted Detritus (IRD), which are present in all lithological size fractions, from the silt to the gravel. These layers are particularly poor in biogenic material, like foraminifera. IRD have been transported by icebergs, which were released by the ice sheets covering the high latitude continents of the Northern Hemisphere. These icebergs were carried by the surficial oceanic currents, drifted and melted into the North Atlantic Ocean, north of 40°N [3–5]. The mechanisms responsible for such major iceberg discharges are still not well known. Did the Laurentide and FennoScandian ice sheets experience major internal instabilities [20,21]? Or were these instabilities linked to an internal forcing of the climatic system, such as periodical variations of the thermohaline oceanic circulation, which carries large amount of heat to the high latitudes [35]? At this point, neither mechanism is widely accepted.
In this article, we will quantify the impact of two of these iceberg discharges on the surface hydrology of the North Atlantic Ocean. The first, Heinrich event 1 (H1) occurred about 16 kyr BP (1 kyr = 1000 years), at the beginning of the last deglaciation and marked the end of the last glacial maximum, which culminated at 21 kyr BP. The ice sheets were close to their maximum size and the insolation forcing over northern high latitudes was increasing. The second Heinrich event is Heinrich event 4 (H4), which occurred about 37 kyr BP, in the middle of marine isotopic stage 3. During this period, the ice sheets were at a size intermediate between full glacial and full interglacial conditions, and the insolation forcing did not experience large variations. This last event has been extensively studied [8,36]. The present study lies on 36 marine sediment cores providing a rather uniform coverage of the North Atlantic north of 40°N (Table 1 and Fig. 1).
2 Chronostratigraphical constraints
Identifying the same event in several cores raised from a large oceanic basin requires a reliable chronostratigraphy. Since not all the cores are radiocarbon dated, a multi-proxy approach has been developed to build a common chronostratigraphical framework. We used, with a decreasing priority order, 14C dates, sea surface temperature variations, abundance of IRD (of which peaks characterized the Heinrich layers), and the oxygen and carbon isotope record of planktonic foraminifera. The 14C dates are accurate only for H1, with an average error bar of a few tens of years, when the 14C age of surface water may be well constrained [38]. Converting radiocarbon ages younger than 20 kyr to calendar ages has been done using the software CALIB REV4.4.2 [32,33], after taking into account the reservoir age of the considered area [38]. For H4, the error bars associated with the 14C dates are up to several hundred or thousands of years and calendar ages were computed using the polynomial equation of Bard [1]. All the ages discussed below are calendar ages.
When no radiocarbon dates were available, H1 and H4 have been identified by the IRD peak and dated by correlation of the IRD and/or the SST record with the dated cores. In high latitudes (the Norwegian Sea and northern North Atlantic), most cores are too short to reach H4. In this area, IRD are too numerous during the deglaciation, so that they do not allow one to unambiguously recognize H1 deposits. We then identified H1 by using the carbon isotopic composition of the planktonic foraminifera. The δ13C record of the planktonic foraminifera Neogloboquadrina pachyderma, left coiling, experiences a slight decrease, on the order of magnitude of 0.1‰ at the time of H1. This decrease could have several causes like changes in the efficiency of the ocean–atmosphere exchanges or a decrease of the oceanic productivity linked to the iceberg or sea-ice coverage [25].
The hydrological characteristics of the surface water masses in the North Atlantic Ocean have been reconstructed using the oxygen isotopic composition of the planktonic foraminifera N. pachyderma left coiling. The δ18O value of the foraminiferal calcite depends on both sea surface temperature and δ18O value of the sea water in which foraminifera build their chambers. The relationship between these parameters is given by the paleotemperature equation [31]:
Low values of the calcite δ18O can be due either to high temperatures or low sea water δ18O (which is also related to low salinity). Conversely, high calcite δ18O are related either to low temperatures or high sea water δ18O and salinity.
Ideally, the reconstruction of surface hydrological conditions should be obtained by both SST and sea surface salinity reconstructions, like those generated for the last glacial maximum [7,11], or for H4 [8]. For H1, quantitative reconstructions of SST were available in only 8 cores. During H4, faunal foraminifera counts showed that the iceberg discharge was synchronous with a SST decrease of 1 to 4 °C [4,8,9], which could result in a 0.25 to 1‰ increase of the calcite δ18O.
To evaluate the impact of both Heinrich events on the hydrological conditions of the North Atlantic Ocean and the Norwegian Sea, two reconstructions have been made. The calcite δ18O amplitude has been calculated as the difference between the δ18O value before and during the event (both for H1 and H4). To take into account the trend of global ice volume changes recorded during these events, the δ18O amplitude has been corrected by −0.08‰ for H1 (estimated following [2]) and +0.06‰ for H4 (estimated following [39]). These minor corrections have no impact on our conclusions. This reconstruction allows us to compare the impact of meltwater injection on both surface water temperature and δ18O. We discussed separately the temperature effect in the cores were SST variations may be estimated.
3 Results: iceberg origin and transport
The amplitude of δ18O variations associated with H4 shows a pronounced latitudinal structure in the meltwater extension. This meltwater belt was centred around 45–50°N and originated mainly from the Laurentide ice sheet (Fig. 2), with a low contribution of the European ice sheets. The δ18O amplitude decreased sharply to the North of the meltwater band and never exceeded 0.8‰ (in the Denmark Strait). The meltwater input was therefore small near the Greenland coast during H4. In the North Atlantic, the δ18O amplitude is not higher than 2‰ in the middle of the basin. This amplitude is not corrected for the effect of the temperature decrease (1–4 °C), which would lead to a 0.25 to 1‰ increase. Consequently, iceberg melting reduced the Atlantic surface water δ18O by almost 3‰ in the whole latitudinal band near 50°N and was responsible for a major salinity drop in this area.
During H1 (Fig. 3), the hydrographic pattern was significantly different from that of H4. The δ18O amplitude is high in both the Norwegian Sea and the North Atlantic Ocean north of 40°N, but decreased from the west to the east. These data suggest a major iceberg discharge originating from both North American and North European ice sheets. The Norwegian Sea cores also exhibit a large amplitude varying from 0.6 to 2‰, but usually . Since planktonic foraminifer fauna show that Norwegian Sea SSTs were very low at this time, the δ18O decrease indicates a significant contribution of meltwater originating from European and Icelandic ice sheets. The meltwater was transported by the East Greenland Current and reached the North Atlantic Ocean, where it mixed with meltwater produced by icebergs released by the Laurentide ice sheet. The δ18O amplitude is about 1.3 to 1.5‰ at 40°N, indicating the great intensity of the iceberg discharge. However, the extension of the meltwater belt is not as latitudinal as in H4, and values are present in the eastern Atlantic basin.
4 Discussion
The impact of both Heinrich events on the surface hydrology of the North Atlantic Ocean has been very different. Several hypotheses can be proposed:
- • cooling intensity: if the cooling during H4 was higher than during H1, the amplitude of the isotopic anomaly would be smaller, even if the magnitude of iceberg discharges was roughly the same. H1 occurred at the end of the last glacial maximum, when SSTs were lower than during marine isotopic stage 3. The cooling was probably smaller during H1 than during H4.
- • iceberg discharge volume: an iceberg discharge higher during H1 than during H4 would result in a δ18O amplitude higher than during H1. Simulations performed with a model of intermediate complexity that explicitly calculates the distribution of oxygen isotope in the ocean during H4 showed that about 106 km3 of icebergs melted within a few hundreds years [29]. Some similar modelling experiments should be performed for H1 to better constrain the characteristics of this event.
To discriminate between these hypotheses, H1 and H4 isotopic reconstructions have been compared in the cores where both events are recorded (Table 1). We used also SST reconstructions whenever possible. During H4, the meltwater area is located along in the 40 to 50°N latitudinal band, reflecting a major contribution of the Laurentide ice sheet and restraining the North Atlantic Drift to more meridional latitudes. By contrast, the δ18O amplitude associated with H1 is larger than that associated with H4 in cores close to the iceberg sources, i.e. near the Labrador Sea and in the Denmark Strait. This feature reflects iceberg melting in the northern and western rims of the Atlantic Ocean. In the Northeastern Atlantic basin, SST increased and the δ18O amplitude during this event is almost entirely explained by the temperature variation, without any significant sea water δ18O /salinity decrease. The meltwater area was not fully developed from west to east in the 40–50°N latitudinal band and the Gulf Stream and North Atlantic Drift were not stopped. The transport of warm saline water to northern high latitude was still active. The density of the water carried to the north increased gradually and was particularly strong during winter because of brine formation [28]. These brines were the major source of deep water in the northern hemisphere and played a major role in maintaining an active thermohaline circulation. The consequence of this active circulation was the injection of glacial meltwater, with its light isotopic composition but a high salinity, into the deep ocean and its rapid mixing with the intermediate waters of the global ocean [10,36].
Acknowledgements
We are grateful to B. Le Coat, J. Tessier, F. Dewilde and G. Isguder for isotopic preparation and measurements. We acknowledge IPEV and IFREMER institute for cruises support.
This work was made possible because of financial support from CNRS, INSU/PNEDC, and CEA to the LSCE.