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Comptes Rendus

Étude par spectrométrie Mössbauer de la polarisation de spin et de l’environnement local des cations d’étain introduits comme dopants dans le volume et à la surface des cristallites de GdCrO3
Comptes Rendus. Chimie, Volume 15 (2012) no. 7, pp. 609-616.

Résumés

Le recuit à l’air d’un précurseur constitué d’hydroxydes de gadolinium et de chrome coprécipités, contenant, en proportion égale, les ions dopants sondes Mössbauer 119Sn4+ et les ions co-dopants Ca2+, conduit à la localisation des ions Sn4+ dans le site de Cr3+ à environnement magnétiquement actif non altéré au cœur des cristallites formées de GdCrO3. Ces ions Sn4+ sont caractérisés par un champ hyperfin H78 K = 64 kOe. Cette valeur, intermédiaire entre celles observées dans LaCrO3 et LuCrO3, traduit l’effet prépondérant sur la polarisation de spin de Sn4+ du recouvrement π des orbitales t2g3 de Cr3+ avec les orbitales 2p de O2−. En absence d’ions co-dopants Ca2+, la compensation de la charge excessive des ions Sn4+ dans la structure de GdCrO3 se fait par la formation des lacunes de Cr3+ et, dans une moindre mesure, de celles de Gd3+. Ces lacunes semblent être localisées à proximité d’un tiers des ions dopants Sn4+. Lorsque le précurseur constitué d’hydroxydes de gadolinium et de chrome coprécipités, ne contenant que les ions dopants Sn4+, est recuit sous H2, ces ions passent à l’état divalent et occupent les sites à la surface des cristallites. À température ambiante, le contact de ces ions Sn2+ avec l’air provoque alors leur oxydation rapide. Il a été montré qu’à peu près un tiers des ions Sn4+ formés ne subissent aucune polarisation de spin (H78 K = 0 kOe) tandis que deux tiers de ces ions révèlent une polarisation de spin considérablement affaiblie par rapport à celle observée dans le volume de cristallites. Ainsi, les ions Sn4+ non polarisés pourraient occuper les sites superficiels de Gd3+ alors que les ions Sn4+ pour lesquels la polarisation de spin est diminuée occuperaient les sites superficiels de chrome autour desquels le nombre de voisins magnétiquement actifs Cr3+ serait plus faible.

Annealing in air of a precursor consisting of coprecipitated gadolinium and chromium hydroxides, containing, in equal proportion, 119Sn4+ Mössbauer dopant cations and Ca2+ co-dopant cations, leads to the location of Sn4+ ions, in the bulk of the formed GdCrO3 crystallites, on the Cr3+ site with the unaltered magnetically active surrounding. These Sn4+ ions are characterized by hyperfine field H78 K equal to 64 kOe. This value, intermediate between those observed in LaCrO3 and LuCrO3, shows that the spin polarization of Sn4+ originates mainly from a π-type overlap of Cr3+ t2g3 -orbitals with O2− 2p-orbitals. In the absence of Ca2+ co-dopant cations, the compensation of the excess charge of Sn4+ in the structure of GdCrO3 involves the formation of Cr3+ vacancies and, to a lesser extent, of Gd3+ vacancies. The vacancies of both types appear to be located in the vicinity of one-third of the Sn4+ dopant ions. In hydrogen atmosphere, annealing the precursor, containing only Sn4+ dopant ions, leads to reduction of Sn4+ ions to the divalent state with concomitant location of the dopant on surface sites of crystallites. Upon contact with ambient air, these Sn2+ ions are rapidly oxidized. Approximatively one-third of the formed Sn4+ exhibit no spin polarization (H78 K = 0 kOe) while two-thirds of them reveal considerable weakening in spin polarization as compared to that in the bulk of crystallites. The non-polarized Sn4+ ions are assigned to Gd surface sites and the weakly polarized Sn4+ ions to Cr surface sites with a reduced number of magnetically active Cr3+ neighboring cations.

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DOI : 10.1016/j.crci.2012.05.013
Mot clés : Pérovskites distordues, Cations dopants d’étain, Subtitutions hétérovalentes, Environnements locaux, Spectrométrie Mössbauer du 119Sn
Keywords: Distorted perovskites, Tin dopant cations, Heterovalent substitutions, Local surroundings, 119Sn Mössbauer spectroscopy

Mikhail I. Afanasov 1 ; Alain Wattiaux 2 ; Evgueny Mezhuev 1 ; Christine Labrugère 2 ; Pavel B. Fabritchnyi 1 ; Claude Delmas 2

1 Faculté de chimie, université de Moscou M.V. Lomonosov, 119899 Moscou V-234, Russie
2 CNRS, université de Bordeaux, institut de chimie de la matière condensée de Bordeaux, 87, avenue du Dr.-A.-Schweitzer, 33608 Pessac cedex, France
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Version originale du texte intégral

1 Introduction

Les chromites antiferromagnétiques RCrO3 (R = terre rare) de structure pérovskite distordue permettent d’étudier l’influence du rayon ionique du cation R3+ et de la valeur moyenne de l’angle θ des liaisons de superéchange Cr 3+-O2--Cr3+, dépendant de la taille de R3+, sur les propriétés magnétiques de ces composés [1]. Ainsi, cette famille de composés constitue un système idéal qui devrait permettre de mieux appréhender le mécanisme de transfert de la densité de spin responsable de la polarisation de spin du cortège électronique d’un dopant diamagnétique Sn4+ par ses voisins magnétiquement actifs Cr3+ (configuration électronique t2g3eg0). À cet effet, deux chromites de terre rare ont été étudiés [2], le premier contenant du lutécium, Lu3+, pour lequel le rayon ionique est le plus petit (r = 0,848 Å) et le second contenant du lanthane, La3+, pour lequel le rayon ionique est le plus grand (r = 1,061 Å) [3]. Ainsi, la comparaison des valeurs du champ magnétique H à saturation déterminées aux noyaux de Sn4+ dans ces deux chromites de terre rare dopés à l’étain, a montré que la polarisation de spin de ces ions dans le composé LuCrO3 (H = 86 kOe [2] ; θ = 141,8° [4]) s’est avérée nettement plus forte que dans le composé LaCrO3 (34 kOe [2] ; θ = 155,4° [4]). En revanche, cette variation de la valeur de H est inversée dans le cas des orthoferrites isostructuraux RFeO3 [5]. À partir de ces résultats antérieurs, il a été suggéré [2] que dans le cas des chromites de terre rare, la polarisation de spin des ions Sn4+ est essentiellement due au recouvrement π des orbitales t2g3 des cations Cr3+ avec les orbitales 2p des anions O2−. Ce recouvrement augmente avec la diminution du rayon de R3+ (en revanche, dans le cas des orthoferrites, c’est le recouvrement σ des orbitales eg2 des cations Fe3+ avec les orbitales 2pz des anions O2− qui est responsable de la polarisation de spin des ions Sn4+ qui augmente avec la taille du cation R [5]). Bien que ces résultats aient été confortés lors de l’étude du chromite isostructural YCrO3 rLu3+<rY3+<rLa3+ [2,6], il nous a semblé intéressant d’étendre ces résultats à d’autres cations R3+. Ainsi dans ce travail, seront présentés les résultats obtenus pour le composé GdCrO3 (rGd3+ = 0,938 Å [3], θ = 147,7° [4]) dopé par Sn4+. La polarisation de spin des ions 119Sn4+ présents au cœur de la structure sera discutée.

De plus, une étude récente relative au composé LuCrO3 dopé à l’étain a montré [7] que ce chromite pouvait servir de support permettant de stabiliser, par recuit thermique sous hydrogène, les cations sondes Mössbauer 119Sn2+ dans des sites à la surface des cristallites. La synthèse d’autres membres de la famille RCrO3 comportant des sites d’étain superficiels pourrait montrer tout l’intérêt de sondes Mössbauer au sein de ce type de composés pour la compréhension et la description des mécanismes de catalyse tels que par exemple la réaction d’oxydation de CO par O2 en présence de certains chromites des terres rares [8]. Ainsi, nous nous proposons, dans ce travail, de suivre l’évolution des interactions hyperfines des ions d’étain localisés à la surface des cristallites de GdCrO3 après un recuit sous hydrogène.

2 Protocole expérimental

2.1 Synthèse

Tous les réactifs utilisés dans ce travail sont de qualité chimiquement pure.

Afin de synthétiser les divers composés, il a été nécessaire au préalable de préparer diverses solutions. Ainsi, une solution de Cr(CH3COO)3 de concentration en chrome de 0,22 mmol/mL a été obtenue par dissolution du sel anhydre dans de l’eau distillée. Une solution de Gd(NO3)3 de concentration en gadolinium de 0,40 mmol/mL a été également préparée par dissolution du gadolinium métallique dans une solution d’acide nitrique à 20 %. Une solution de 119SnCl4 de concentration en étain de 0,008 mmol/mL a été obtenue par dissolution de l’étain métallique, enrichi à 92 % en isotope 119Sn, dans une solution chaude d’acide chlorhydrique à 20 % additionnée de quelques gouttes d’acide nitrique à 20 % cela afin d’oxyder les ions Sn2+, initialement formés lors de la mise en solution, en ions Sn4+. Et enfin, il a été préparé une solution de Ca(NO3)2 de concentration en calcium de 0,010 mmol/mL par simple dissolution du CaCO3 anhydre dans une solution d’acide nitrique à 5 %.

À partir de ces diverses solutions, deux précurseurs ont été préparés pour l’obtention des divers échantillons de GdCrO3.

Le précurseur 1 a été obtenu à partir d’une solution contenant : 30 mL de la solution de Cr(CH3COO)3 ; 16,5 mL de la solution de Gd(NO3)3 ; 2,5 mL de la solution de 119SnCl4 et enfin 2 mL de la solution de Ca(NO3)2. Ainsi, le rapport molaire entre les divers cations est égal à [Cr]:[Gd]:[Sn]:[Ca] = 1:1:0,003:0,003.

Le précurseur 2 a été obtenu à partir d’une solution contenant : 30 mL de la solution de Cr(CH3COO)3 ; 16,5 mL de la solution de Gd(NO3)3 et enfin 2,5 mL de la solution de 119SnCl4. Dans ces conditions, le rapport molaire entre les divers cations est égal à [Cr]:[Gd]:[Sn] = 1:1:0,003.

À partir de ces deux solutions mixtes, les deux précurseurs ont été obtenus par coprécipitation des hydroxydes correspondants par addition d’ammoniaque à 10 % à chaud jusqu’à une valeur de pH ∼ 8, suivant les schémas.

Pour le précurseur 1 :

Gd3++Cr3++0,003Sn4++0,003Ca2+NH4OHGdCrSn0,003Ca0,003OH6,018xH2O

Et pour le précurseur 2 :

Gd3++Cr3++0,003Sn4+NH4OHGdCrSn0,003OH6,012xH2O

Les précipités ainsi obtenus ont été filtrés, lavés avec de l’eau distillée et séchés à l’air à 120 °C. Le passage quantitatif des cations alcalino-terreux (Ca2+) de la solution dans le précurseur 1 a été mis en évidence par comparaison de l’activité du traceur radioactif isomorphe 90Sr(90Y) dans la phase liquide avant et après précipitation. De plus, l’absence du dopant étain dans les solutions mères après précipitation a été mise en évidence, pour les deux précurseurs 1 et 2, par l’absence d’absorption résonnante Mössbauer dans les résidus secs des solutions mères évaporées et calcinées.

Les produits de type I et de type II ont été respectivement obtenus après un recuit de dix heures à l’air à 900 °C des précurseurs 1 et 2. Ainsi, le précurseur 1 a conduit au produit du type I ayant pour formule GdCrSn0,003 Ca0,003O3,009 et le précurseur 2 à un produit du type II ayant pour formule GdCrSn0,003O3,006 pour lesquels les atomes d’étain sont localisés au cœur des cristallites correspondants [6,7].

L’échantillon III, contenant les ions d’étain à la surface des cristallites, a été obtenu par recuit du précurseur 2 sous hydrogène (10 h à 900 °C) [6,7].

2.2 Techniques de caractérisation

L’identification des phases a été réalisée à température ambiante par diffraction des rayons X (DRX) au moyen d’un diffractomètre pour poudre ARL X’TRA Thermo Scientific, muni d’un détecteur CCD refroidi par effet Peltier, en géométrie Bragg-Bretano, utilisant la radiation du cuivre (λ = 1,5418 Å). Le domaine angulaire de 10 à 80° en 2θ a été balayé à l’aide d’un pas de 0,02° avec un temps de comptage de trois secondes par pas. L’analyse radiocristallographique a montré que chacun des produits synthétisés I, II et III était monophasé et correspondait au composé GdCrO3 et cela quelles que soient les conditions expérimentales de préparation. À titre d’exemple, il a été reporté sur la Fig. 1 le diffractogramme de RX de l’échantillon I.

Fig. 1

Diagramme RDX de l’échantillon I de formule GdCrSn0,003Ca0,003O3,009 mettant en évidence la présence d’une phase cristalline unique, celle de GdCrO3 orthorhombique (groupe d’espace Pbnm [9]).

Les mesures par spectrométrie de photoélectron à rayonnement X (XPS) ont été effectuées sur un spectromètre ESCALAB 220i-XL fourni par Scientific VG. La source de rayons X non monochromatique à anode d’aluminium (Al Kα  = 1486,6 eV) a été utilisée. Les échantillons polycristallins à analyser ont été pressés sur des supports d’indium. Les concentrations atomiques ont été déterminées à partir d’intensités intégrales des pics de Sn3d5 (Eb = 486,6 eV), Cr2p3 (Eb = 576,2 eV) et Gd3d5 (Eb = 1184,4 eV). Les spectres à haute résolution ont été analysés quantitativement à l’aide du logiciel AVANTAGE fourni par ThermoFisher Scientific, le pic de Sn3d5 vers 486,6 eV ayant servi de référence pour recaler chaque spectre en énergie.

Les spectres Mössbauer ont été enregistrés sur un spectromètre Ms-1104Em (IP Rostov-sur-le Don) fonctionnant en mode d’accélération constante avec une source de rayonnement gamma Ca119mSnO3 à température ambiante. Ils ont été ensuite traités par ordinateur à l’aide d’un logiciel conventionnel. Les valeurs du déplacement isomérique sont données par rapport à un absorbeur de référence BaSnO3 à 295 K. Lors des mesures in situ sous H2 l’échantillon se trouvait dans une cellule de quartz à parois minces. Pendant l’enregistrement des spectres à 100 K la cellule était alors placée dans l’orifice d’une barre en cuivre massif plongée dans un vase de Dewar rempli d’azote liquide.

3 Résultats et discussion

3.1 Spectres des échantillons contenant les ions 119Sn4+ au cœur des cristallites (échantillons I et II)

Au sein du premier échantillon étudié (I), la compensation de la charge des ions Sn4+ est assurée par la présence d’ions Ca2+ tel que cela a déjà été décrit dans les composés LaCrO3 et LuCrO3 dopés à l’étain obtenus en utilisant une méthode de préparation conventionnelle [2]. Ainsi, ce mécanisme de compensation de la charge des ions Sn4+ doit avoir lieu dans le volume et semble pouvoir être généralisé à tous les chromites de terres rares RCrO3.

Le spectre de l’échantillon I (Fig. 2a) enregistré dans le domaine paramagnétique à 295 K ne révèle qu’un seul singulet légèrement élargi. La valeur de son déplacement isomérique (δ = 0,06 mm s−1) met en évidence la présence du dopant étain à l’état tétravalent. La valeur expérimentale de la largeur totale à mi-hauteur du pic d’absorption (Γ = 0,95 mm s−1), légèrement supérieure à celle obtenue avec l’échantillon de référence BaSnO3 (Γ = 0,84 mm s−1), est la signature de très faibles interactions quadripolaires dues à la distorsion orthorhombique de la structure de GdCrO3 [9]. À 78 K, le spectre (Fig. 2b) met en évidence la présence d’une composante magnétique décrite par un sextuplet intense et d’un singulet résiduaire, signature d’une composante non magnétique très minoritaire. La valeur du champ hyperfin associé au sextuplet est égale à H = 64 kOe. Son apparition à une température en deçà de la température de Néel de GdCrO3 (TN = 170 K [10]) met en évidence que la polarisation de spin des ions Sn4+ est due à leurs voisins magnétiques Cr3+. En admettant que la variation thermique de H est définie par la fonction de Brillouin BS, représentant la variation thermique de l’aimantation spontanée σ=Bs3SS+1στ pour le spin S=32 (les valeurs numériques de BS ont été tabulées dans [11]), la valeur de H = 64 kOe, déterminée à 78 K τ=TTN=0,46, correspond à 0,914 HT→0 K et conduit à une valeur du champ à saturation HT→0 K de 70 kOe.

Fig. 2

Spectres Mössbauer de l’échantillon I à 295 K (a) et 78 K (b).

Pour interpréter les valeurs de H aux noyaux de Sn4+ au sein des ferrites RFeO3 [5] et des chromites RCrO3 [2], les auteurs [2,12] ont considéré les paramètres de covalence Aσ2 et Aπ2 définissant la fraction de la densité de spin dans les orbitales 2p des ions O2−. Il s’agit des voisins les plus proches des ions Sn4+ dans les chaînes Sn4+-O2−-Fe3+(ou Cr3+) caractérisées par un angle moyen de couplage d’échange θ. L’apparition de cette densité de spin, « ressentie » par les ions Sn4+, est due au transfert des électrons 2p des ions O2− vers les orbitales 3d partiellement occupées des cations Fe3+ ou Cr3+. Or la contribution des électrons 2p est proportionnelle à cos2 θ pour les liaisons σ et à sin2 θ pour les liaisons π. Quant à la contribution des électrons 2s, considérés individuellement, elle ne dépend pas de l’angle θ. Toutefois, dans le cas des liaisons σ, il devient nécessaire de tenir compte des termes croisés sp dont la contribution à la valeur de H est proportionnelle à cos θ [12]. Ainsi, nous pouvons écrire :

H=α+βcosθ+γcos2θ

Pour les orthoferrites, comportant les ions Fe3+ engagés dans les liaisons σ grâce à leurs orbitales eg à demi-remplies, cette relation permet de reproduire correctement la variation des valeurs expérimentales de H en fonction de θ avec α = + 949 kOe, β = +2487 kOe et γ = +1889 kOe [5]. Quant aux chromites, comportant les ions Cr3+ à orbitales eg vides, ce sont les liaisons π formées par les orbitales t2g3 à demi-remplies, qui doivent jouer un rôle prépondérant dans la polarisation de spin des ions Sn4+. Or, si la contribution du terme β cos θ est, en fait, négligeablement petite, la variation de H pour ces composés devient linéaire avec α = + 240 kOe et γ = −254 kOe [5]. Comme le montre la Fig. 3, la valeur du champ à saturation HT→0 K = 70 kOe pour les ions Sn4+ dans GdCrO3 est en effet intermédiaire entre celles relatives à LaCrO3 et LuCrO3. Ce nouveau résultat confirme donc l’existence au sein de cette famille de composés d’une relation linéaire entre la polarisation de spin des ions Sn4+ dans les sites de Cr3+ et la valeur de cos2 θ.

Fig. 3

Variation linéaire HT→0 K = α + ycos2 θ pour les ions Sn4+ au sein de quelques chromites RCrO3 [5]. ○ [2], ● [6] et [7], ♦ le présent travail.

Dans le domaine magnétiquement ordonné de GdCrO3 les spins des cations Cr3+ sont connus pour présenter un arrangement antiferromagnétique de type G « canté » [13]. Quant aux cations Gd3+ (4f7), ils restent à l’état paramagnétique jusqu’aux très basses températures (inférieures à 4,2 K [13]). Par conséquent ils ne peuvent en aucun cas contribuer à 78 K à la polarisation de spin du cortège électronique du dopant diamagnétique. Ainsi, un cation 119Sn4+, caractérisé par la valeur de HT→0 K = 70 kOe, dans le site du chrome dont l’environnement cationique n’est pas altéré, possède six voisins magnétiquement actifs Cr3+ avec les spins parallèles (cf. Fig. 7).

Fig. 7

Maille primitive de GdCrO3 ne comportant que les cations Cr3+ et Gd3+. Les petits cercles vides et pleins représentent les cations Cr3+ de spin opposé.

Ainsi, nous pouvons en déduire que la contribution partielle h de chaque Cr3+ au champ hyperfin H à saturation est de l’ordre de 12 kOe. Quant à la présence d’une composante secondaire non magnétique minoritaire (Tableau 1), elle semble traduire l’existence dans cet échantillon d’un petit nombre de clusters de dioxyde d’étain (caractérisés à 295 K, par δ = 0,0 mm s−1 et ΔEQ = 0,60 mm s−1 [14]).

Tableau 1

Paramètres Mössbauer des sondes 119Sn localisées dans le volume (échantillons I et II) et à la surface (échantillon III) de cristallites de GdCrO3.

T (K)δ (mm s−1)ΔEQ (mm s−1)Г (mm s−1)H(kOe)A (%)
Échantillon I
 2950,06 ± 0,030,95 ± 0,05100
 780,11 ± 0,051,0 ± 0,164 ± 394 ± 5
0,11 ± 0,050,5 ± 0,11,2 ± 0,16 ± 5
Échantillon II
 780,11 ± 0,051,0 fixé103 ± 59 ± 5
0,12 ± 0,051,0 fixé64 ± 364 ± 5
0,12 ± 0,051,0 fixé36 ± 512 ± 5
0,12 ± 0,051,0 fixé16 ± 510 ± 5
0,13 ± 0,050,5 ± 0,11,2 ± 0,15 ± 5
Échantillon III
 In situ sous H2
  2952,70 ± 0,042,14 ± 0,061,1 ± 0,194 ± 5
0,03 ± 0,041,1 ± 0,16 ± 5
  100a2,72 ± 0,042,12 ± 0,061,1 ± 0,198 ± 5
0,05 ± 0,041,1 fixé≤ 2
 Après contact avec l’air
  2952,76 ± 0,082,2 ± 0,11,1 ± 0,114 ± 5
0,06 ± 0,040,56 ± 0,081,1 ± 0,186 ± 5
2,8 ± 0,12,1 ± 0,11,1 ± 0,119 ± 5
  780,1 ± 0,11,0 fixé42 ± 821 ± 5
0,1 ± 0,11,0 fixé17 ± 834 ± 5
0,1 ± 0,10,5 ± 0,11,2 ± 0,126 ± 5

La comparaison de l’étude Mössbauer de l’échantillon II contenant les cations Sn4+ dans le cœur des cristallites, avec celle de l’échantillon I, a permis de fournir des informations complémentaires sur le mécanisme de compensation de la charge de ces ions dopants dans GdCrO3 en l’absence de Ca2+. La particularité essentielle du spectre de 119Sn à 78 K (Fig. 4) consiste dans le fait qu’il présente, outre une composante minoritaire non magnétique, une superposition de plusieurs composantes magnétiques (Tableau 1) décrites ci-après :

  • • une composante principale (A = 64 %) caractérisée par un sextuplet pour lequel la valeur de H est égale à H = 64 kOe. Cette composante a déjà été observée dans le spectre de l’échantillon I et peut être décrite ainsi comme la signature des ions Sn4+ dans le site de substitution de Cr3+ comportant le nombre complet de voisins magnétiques (n = 6) ;
  • • deux sextuplets secondaires à H = 36 et 16 kOe. Leur apparition montre qu’en l’absence de Ca2+, la compensation de la charge des ions Sn4+ au sein du réseau ne peut s’effectuer que par la formation de lacunes de chrome VCr3+ conduisant à la formation de paires Sn4+VCr3+. Le fait que les deux valeurs de H se sont avérées nettement inférieures à 64 kOe signifie que ces deux sextuplets secondaires sont associés aux ions Sn4+ comportant un nombre de voisins Cr3+ inférieur à 5 (n = 5 correspond à la présence d’une paire isolée). Ces deux sextuplets témoignent ainsi de la formation d’un nombre plus important d’amas de défauts ponctuels dans l’échantillon II exempt d’ions compensateurs Ca2+. Il est à noter qu’une même conclusion a déjà été faite à partir de l’analyse des spectres de 119Sn4+ présent au sein du réseau des composés CoO [15], NiO [16] et MnO [17] ;
  • • un sextuplet caractérisé par une valeur de H de 103 kOe très supérieure à celle déterminée pour la composante majoritaire (64 kOe). L’origine de cette composante spectrale, assez inattendue à première vue, peut s’expliquer par la compensation de la charge des ions Sn4+ dans cet échantillon qui implique nécessairement alors la formation des lacunes à la fois sur le site du chrome VCr3+ et sur celui du gadolinium VGd3+. Ainsi, la présence d’une lacune VGd3+ à proximité d’un ion Sn4+ tend à diminuer l’angle de trois liaisons Sn-O-Cr les plus proches et à augmenter, par conséquent, la valeur de H transféré relatif au site du cation Sn4+ concerné [2,7]. La valeur expérimentale H = 103 kOe correspond donc à la valeur moyenne de θ proche de 140°, inférieure de 8° environ à la valeur obtenue pour le site du chrome (ou Sn) exempt de lacunes. Il est à noter que la présence d’une telle composante à H > 100 kOe a été récemment mise en évidence dans les spectres Mössbauer, obtenus à 4,2 K, des ions 119Sn4+ au sein du composé YCrO3 [6] ;
  • • et enfin, une composante non magnétique dont la présence au centre du spectre montre que l’échantillon II, comme l’échantillon I, comporte une petite quantité de Sn4+ sous la forme d’impuretés en dehors de la structure de GdCrO3.

Fig. 4

Spectre Mössbauer de l’échantillon II à 78 K.

3.2 Spectres des échantillons comportant les cations d’étain à la surface des cristallites

Enregistré in situ à 295 K, le spectre Mössbauer de l’échantillon III, obtenu après recuit du précurseur 2 sous H2, met en évidence l’apparition d’un nouveau doublet (Fig. 5a). Les valeurs de ses paramètres hyperfins, reportées au tableau, δ = 2,70 mm s−1 et ΔEQ = 2,14 mm s−1, sont caractéristiques d’ions Sn2+ et donc attestent de la réduction quasi complète (94 %) des ions Sn4+, comme en temoigne la très faible intensité du pic résiduaire (6 %) situé vers v = 0 mm/s. En outre, il est important de souligner que ces valeurs de δ et de ΔEQ sont en très bon accord avec celles relatives au composé LuCrO3 [7] et à quelques oxydes simples [18], tous comportant les ions Sn2+ dans les sites de surface de faible coordinence pour lesquels l’activité stéréochimique du doublet non engagé de Sn2+ est favorable.

Fig. 5

Spectres Mössbauer de l’échantillon III enregistrés in situ sous H2 à 295 K (a) et 100 K (b).

De plus, après avoir exposé l’échantillon III à l’air, une étude par XPS, technique de caractérisation de surface, a été réalisée. Celle-ci a permis de montrer que la valeur du rapport molaire R des quantités du dopant et des constituants, R=SnCr+Gd=0,077, caractéristique des couches superficielles de 3 à 5 nm d’épaisseur, pour l’échantillon III était 50 fois plus importante que celle déterminée lors de la préparation du composé fixée à 0,0015. Cela met en évidence un enrichissement anormalement élevé des couches superficielles en étain. Ce résultat vient corroborer l’étude réalisée par spectrométrie Mössbauer décrite précédemment sur l’échantillon III et nous permet alors de conclure sans ambiguïté que les sites d’étain sont bien localisés à la surface des cristallites.

Sur la Fig. 5b a été reporté le spectre Mössbauer de l’échantillon III enregistré de façon in situ à 100 K. Malgré que cette étude ait été réalisée dans le domaine antiferromagnétique, le spectre ne révèle aucune polarisation de spin des cations d’étain.

Dès que l’échantillon III est mis en contact de l’air, l’analyse du spectre Mössbauer ainsi obtenu à 295 K (Fig. 6a, Tableau 1) montre une diminution drastique de la contribution du doublet relatif à Sn2+, jusqu’alors prépondérante, et permet de mettre en évidence l’oxydation très rapide de la majorité de ces ions Sn2+. Cela rend compte de la très grande accessibilité de ces ions vis-à-vis des molécules d’oxygène de l’air et confirme ainsi leur localisation à la surface des cristallites. Quant aux ions Sn2+ résiduels non oxydés, ils pourraient vraisemblablement se trouver à des endroits inaccessibles aux molécules d’oxygène (< 20 %). Cette oxydation de surface semble être gouvernée par le remplacement du doublet non engagé de Sn2+ par un atome d’oxygène d’une molécule O2 adsorbée. En supposant que cette oxydation ne vienne pas affecter le nombre de voisins cationiques, responsables de la polarisation de spin de l’étain [19,20], la comparaison de la valeur de H observée pour les ions Sn4+surf (issus de l’oxydation des ions Sn2+) avec celle des ions Sn4+ (70 kOe) dans le site de substitution de Cr3+ à n = 6, nous renseigne alors sur le nombre de proches voisins magnétiques de l’ion Sn4+surf et, par déduction, de celui de l’ion Sn2+. Le spectre enregistré dans le domaine antiferromagnétique à 78 K (Fig. 6b) ne laisse aucun doute quant à la polarisation de spin d’une majorité des ions Sn4+surf (55 %) (Tableau 1). La présence d’au moins deux composantes magnétiques montre que les divers ions d’étain superficiels occupent obligatoirement des sites à environnement cationique non équivalent. Les deux valeurs de H (42 et 17 kOe) sont nettement inférieures à celles déterminées pour Sn4+ au cœur du composé en substitution des sites du chrome (échantillons I et II). L’origine des ions Sn4+surf à polarisation de spin affaiblie devrait vraisemblablement être liée à la localisation de Sn4+ à la surface du composé conduisant à un nombre de liaisons magnétiques plus ou moins important et par conséquent à des environnements cationiques non saturés.

Fig. 6

Spectres Mössbauer de l’échantillon III, mis en contact de l’air, enregistrés à 295 K (a) et 78 K (b).

Pour expliquer l’absence des composantes magnétiquement éclatées dans le spectre sur la Fig. 5b, il est à prendre en considération les configurations électroniques formelles des ions Sn2+ et Sn4+. Le premier possède l’orbitale 5s complètement remplie ce qui empêche le transfert de densité de spin 3d(Cr)→5s(Sn) du cation magnétique vers le dopant diamagnétique. Or l’oxydation des ions Sn2+ libère ses orbitales 5s ce qui favorise ce transfert 3d(Cr)→5s(Sn) et fait croître ainsi la valeur de H. À titre d’exemple, dans le cas du composé Cr2O3, l’oxydation des ions superficiels Sn2+ fait augmenter la valeur de H de 2,5 fois [19,20]. De même, dans le cas des ions Sn2+ et Sn4+ dans les sites à environnement cationique équivalent dans le volume de α-MnS, la valeur de H pour les ions d’étain tétravalent a été trouvée presque 13 fois supérieure à celle pour l’étain divalent [21]. Par conséquent, étant donné les valeurs expérimentales de H relatives à Sn4+surf dans l’échantillon III, il peut être attendu, pour les ions précurseurs Sn2+, des valeurs de H à saturation comprises entre 3 et 15 kOe. Ainsi, la distorsion du doublet quadripolaire des ions Sn2+, qui serait induite par de tels champs magnétiques transférés à 78 K (donnant lieu à un couplage hyperfin combiné quadripolaire et magnétique), pourrait bien s’avérer insuffisante pour apparaître dans le spectre des ions Sn2+.

Le spectre sur la Fig. 6b comporte également une composante non magnétique associée aux ions Sn4+ à spins non polarisés (A = 26 %). Ces ions Sn4+surf, signature de cette composante, ainsi que les ions Sn2+, dont ils sont issus, se trouveraient dans les sites superficiels de Gd3+ dont l’environnement cationique immédiat (Fig. 7) comporterait les cations Cr3+ à direction de spin antiparallèle en nombre égal (2Cr↑ + 2Cr↓). Il va de soi que la présence, dans le spectre sur la Fig. 5b, d’un doublet purement quadripolaire de ces ions Sn2+, à valeurs proches de δ et de ΔEQ, ne peut que compliquer la mise en évidence d’une contribution simultanée des ions Sn2+ à couplage hyperfin combiné.

4 Conclusions

La localisation des ions dopants Sn4+ dans les sites de Cr au sein des cristallites de GdCrO3, exemptes d’additifs de Ca2+, induit la formation des lacunes compensatrices de charge VCr3+ et VGd3+. L’apparition d’une lacune VCr3+ dans l’environnement cationique immédiat de Sn4+ affaiblit la polarisation de spin tandis que la lacune VGd3+, en revanche, la renforce. Le recuit sous hydrogène permet de réduire les ions Sn4+ à l’état divalent et aboutit à la stabilisation de ces derniers à la surface de cristallites. L’absence de polarisation perceptible des ions Sn2+ est expliquée par :

  • • leur localisation partielle dans le site superficiel de Gd3+ à environnement magnétiquement inactif et, également ;
  • • par l’affaiblissement drastique du transfert de densité de spin du chrome vers l’orbitale 5s complètement remplie dans le cas de Sn2+.

Remerciement

Ce travail a été soutenu par la Fondation Russe pour la Recherche Fondamentale (projet FRRF no 10-03-0002).


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