Les auteurs
André Picot (décédé en 2023) était ingénieur chimiste, diplômé du Conservatoire national des arts et métiers, et docteur ès Sciences physiques de l’université Paris-Sud, à Orsay. Également biochimiste, il fut directeur de recherche au CNRS de 1986 à 2004, à l’Institut de chimie des substances naturelles (ICSN), à Gif-sur-Yvette. Il a ensuite été directeur de recherche honoraire au CNRS. Devenu toxicochimiste et écotoxicochimiste, il fut un expert reconnu auprès de la Commission européenne pour les produits chimiques et président de l’Association Toxicologie Chimie (ATC), qu’il avait créée.
Jean Ducret est docteur en chimie physique, ingénieur de recherche au CNRS, et l’un des fondateurs de l’Association de prévention appliquée aux risques industriels.
Ces deux grands spécialistes avaient publié en 2013 chez Lavoisier une précédente édition, bien connue, de l’ouvrage Sécurité et prévention des risques en laboratoire de chimie et de biologie [1]. Ces quelques lignes permettent déjà de situer les auteurs comme des spécialistes de longue date du domaine traité, et de rappeler leur excellente connaissance du milieu et de ses acteurs principaux. Ceci leur a permis de rassembler une équipe pluridisciplinaire de spécialistes reconnus pour produire cette nouvelle édition, considérablement enrichie et mise à jour. Elle constitue un recueil très précieux, décrivant et classifiant de manière claire et didactique les risques professionnels rencontrés dans les laboratoires, ainsi que les bonnes pratiques de manipulation et de protection de la santé des opérateurs, qu’ils appartiennent au secteur public ou privé.
L’ouvrage
Cette 4e édition [2], entièrement actualisée, prend en compte la plupart des risques professionnels présents dans les laboratoires, et donne également l’état des lieux des exigences réglementaires françaises et européennes.
On pourra se faire une idée de l’ampleur de cet ouvrage collectif en parcourant les divers chapitres qui le composent. Une « Première partie » donne une approche générale de la sécurité (comment la prévoir et l’organiser), traite du stockage sécurisé des produits chimiques au laboratoire, de la surveillance de la santé des personnels, et des responsabilité civile et pénale des directeurs et personnels des laboratoires, trop souvent mal connues.
Une « Deuxième partie » traite de la protection collective et individuelle.
La « Troisième partie » analyse les risques chimiques et physicochimiques, en particulier liés aux propriétés toxiques des produits chimiques, et précise comment manipuler des agents cancérogènes, mutagènes, ou toxiques pour la reproduction. La gestion des déchets chimiques de laboratoire, le suivi médical vis-à-vis des nuisances chimiques et la prévention des risques associés à la manipulation de nanomatériaux font chacun l’objet d’un chapitre spécial.
La « Quatrième partie » de cet ouvrage traite de l’évaluation et de la prévention des risques biologiques.
Dans la « Cinquième partie » sont traités le risque incendie en laboratoire (avec un rappel sur la théorie du feu), les spécificités liées aux divers types de laboratoires, leurs risques propres, ainsi que les différents classements de bâtiments, les moyens et bonnes pratiques de prévention du risque incendie, la spécificité des atmosphères explosives, et la sécurité pyrotechnique en laboratoire de recherche.
Parmi les autres risques traités dans la « Sixième partie » de cet ouvrage, on notera ceux liés aux rayonnements ionisants et non ionisants, aux rayonnements lasers et aux ultrasons, ainsi qu’aux appareillages.
Dans la « Septième partie », les auteurs rappellent à juste titre que l’humain est au cœur de la sécurité et soulignent l’importance de communiquer (et de répéter !) le message sécurité au sein des laboratoires de recherche publics, dans lesquels transitent des étudiants, doctorants et post-doctorants qui ont parfois du mal à transformer leurs connaissances théoriques de la sécurité en un comportement réellement adapté aux risques encourus.
De très nombreuses annexes d’une grande clarté, associées aux divers chapitres, sont extrêmement précieuses et constituent la « Huitième partie » de cet ouvrage. Elles portent aussi bien sur les règles d’étiquetage des produits chimiques, le règlement « REACH », les installations classées pour la protection de l’environnement ou le transport de matières dangereuses que sur la neutralisation et la destruction des produits chimiques réactifs.
Cet ouvrage de référence couvre en 1246 pages, avec une grande rigueur scientifique et une aisance de lecture bienvenue, des domaines de la plus grande importance et s’adresse à un public très vaste. Seul petit bémol : dans certaines annexes, la structure des molécules dessinées aurait dû mieux refléter la réalité chimique, par exemples les angles de 120° autour d’un atome de carbone de type Csp2, et les substituants R1, R2, R3, etc. à remplacer par R1, R2, R3, etc. pour indiquer une qualité et non pas une quantité.
Véritable répertoire de l’ensemble des bonnes pratiques de manipulation et de protection de la santé des opérateurs, cet ouvrage est à recommander sans réserve. Il apportera des réponses concrètes aux situations à risques rencontrées au quotidien dans les laboratoires de recherche ou d’analyse, tant publics que privés, par les personnels de ces établissements. Il devrait être largement diffusé au sein des écoles doctorales et laboratoires affiliés des universités, grandes écoles et établissements de recherche, car la sensibilisation aux risques et la formation à la sécurité ainsi que l’apprentissage des bonnes pratiques doivent se faire le plus tôt possible.
Cet ouvrage est exclusivement disponible au format numérique, et l’on notera que les droits d’auteur sont reversés à l’Association de toxicologie chimie (ATC), association d’utilité publique : www.atctoxicologie.fr.
Déclaration d’intérêts
L’auteur ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d’une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n’a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche.